2014 : mon premier pas dans le monde de l’édition

Solitude parisienne, ma première publication chez Edilivre

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C’est en 2014 que ma « vie d’auteure » a commencé. J’avais 19 ans et cette expérience a vraiment été folle. Déjà, je réalisais mon plus grand rêve : être publiée, même s’il ne s’agissait que d’une nouvelle. J’ai été complètement euphorique du début à la fin du processus. J’ai découvert les arcanes de la publication (sélection du texte, relecture, mise en page, réception et vérification du BAT (Bon à Tirer), conception de la couverture etc…). Le processus a duré environs 6 mois, ce qui est très court pour une publication. Mais la vitesse est le propre d’Edilivre. C’est une petite maison d’édition alternative, dont je reparlerai dans un article qui lui sera consacré.

Conception et inspiration

Solitude parisienne est donc une nouvelle, que j’ai écrite lorsque j’étais en seconde. Elle est inspirée du poème A une passante, de Charles Baudelaire, que nous avions étudié en classe. Cette nouvelle met en scène deux protagonistes, Gabriel et Lina.

 

A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

 

Résumé  et explication

Gabriel et Lina se croisent un jour par hasard dans Paris. Ce n’est pas un coup de foudre ; c’est plutôt une illumination. Ce sont deux jeunes gens mélancoliques, bousculés dans une société qu’ils ne comprennent pas et ils se reconnaissent l’un dans l’autre. Mais la foule les sépare avant qu’ils n’aient pu se rejoindre. A partir de là, ils n’auront de cesse de se retrouver, bien qu’ignorant tout l’un de l’autre, et, accrochés à cet espoir, ils parcourront Paris, la ville des lumières…

Gabriel, à l’instar du poète, voit passer Lina dans la rue et se sent soudain investi d’une vitalité nouvelle, fasciné par la jeune femme. Cependant, dans le poème, nous n’avons que la vision du poète. J’ai voulu donner également le point de vue de la jeune femme. C’est pourquoi dans mon texte chaque événement est narré deux fois, parallèlement : le point de vue et les sentiments de Gabriel, puis ceux de Lina.

Inspiré d’un poème, mon texte est lui-même assez poétique, un mélange de lyrisme et d’onirisme.

Extraits

Voici deux extraits de ma nouvelle : la rencontre entre les deux personnages, perçue par Gabriel puis perçue par Lina.

« Je m’arrêtai au milieu du passage, m’appuyai nonchalamment contre un lampadaire et regardai avec une parfaite indifférence les voitures, toutes plus bruyantes les unes que les autres, passer sur la route. Et alors, à travers le rideau de brume de mon désespoir, je la vis. Elle venait de tourner au coin de la chaussée et elle avançait, droite et fière, écartant d’un regard ravageur tous les pauvres garçons qui avaient l’impudence de lui couper le passage. Elancée, féline, le visage froid d’une douleur profonde, deuil insondable, c’était une jeune femme d’une beauté livide, tombée du ciel, venue pour semer le trouble et la discorde dans mon être et mon âme damnée. Troublante, somptueuse, elle passa dans sa robe couleur cobalt par-dessus laquelle elle ne portait qu’un simple cardigan brun ; ses cheveux étaient fauve, retenus en un épais chignon lâche et le timide soleil auréolait sa peau marmoréenne de pâles rayons halés. »

« Je tournai au coin de la rue, mes bottines ne faisant aucun bruit sur le macadam humide. Je décourageai d’un regard brûlant de dégoût un pauvre type qui me suivait d’un regard brillant… et je l’aperçus alors.
Il était là, seul, appuyé contre un lampadaire, au centre de la foule qui se dandinait sur le trottoir et restait insensible à sa présence. Droit, altier et impérieux, il rivalisait de beauté et de grâce avec l’éternel Apollon antique. Avec ses cheveux corbeaux qui tombaient sur son visage aux traits angéliques, il avait un aspect à la fois inquiétant et intriguant. Et ses grands yeux bleu sombre, saphirs brumeux, ses grands yeux d’océan que j’aurais très volontiers échangés contre celui dans lequel je me débattais furieusement, dans lesquels je me serais bien noyée, juste pour qu’il vienne me sauver, me fixaient sans ciller. Une inébranlable impassibilité couvrait son visage pâle d’un masque noble et stoïque. »

Autocritique

J’ai entendu dire une fois que les auteurs ne sont jamais satisfaits de leur première publication. Je ne dirais pas que je ne suis pas satisfaite, loin de là ! Cette première publication a été une étape essentielle pour passer à la suite. Je dirais cependant que je suis assez lucide : ce premier texte reste teinté de mon inexpérience. J’ai écrit cette histoire à l’âge de 15 ans. Je l’ai bien sûr retravaillé pour la publication, mais l’immaturité reste percevable, à mon avis. Ce n’est pas un mal en soi, mais il me semble important d’en avoir conscience.

Je pense pouvoir dire, sans paraitre prétentieuse ou suffisante, que depuis cette première expérience, mon style a mûri et s’est amélioré. Et, si je reste tout à fait contente de Solitude parisienne, je suis davantage satisfaite des autres nouvelles que j’ai publiées par la suite.

Si vous voulez vous procurer mon histoire, c’est ici. Vous pouvez aussi la trouver sur Amazon, la Fnac, Chapitre.com, ou la commander dans votre librairie !

Et ici, vous trouverez une interview réalisée au moment de la sortie de ma nouvelle ; vous y trouverez des informations complémentaires 🙂

Une réflexion sur “2014 : mon premier pas dans le monde de l’édition

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